CANDOMBE
San
José de Mayo, Uruguay, février 2017
Sans
nos amis français Marie et Jean, nous ne serions peut-être jamais
venus dans cette ville de 36.000 habitants, éloignée des circuits
touristiques. Mais un de leurs cousins, Carlos, qui a la double
nationalité française et uruguayenne, y vit et y travaille comme
réparateur de machines agricoles. C'est l'occasion de partager la
vie quotidienne d'une ville de province uruguayenne et de faire la
connaissance de ses habitants. De plus, le carnaval de San José va
bientôt commencer et nous pourrons y voir les défilés des
« comparsas de candombe »1
que nous avons ratées d'une semaine à Montevideo.
Marie
et Jean sont déjà venus une dizaine de fois à San José et ils y
ont des amis. Dès le soir de notre arrivée, après avoir été
accueilli comme des membres de plus de la famille par Carlos et sa
fille Nicole, nous rendons visite à Adriana, propriétaire de la
plus réputée bijouterie de la ville. Une fois sa boutique fermée,
elle nous propose d'aller boire un verre sur la place principale de
la ville. Avec la simplicité et la chaleur humaine propre aux
uruguayens, elle nous dévoile plusieurs épisodes de sa vie et, au
fil de la conversation, le sujet des voyages est abordé. Adriana
n'aime pas voyager, elle se sent très bien à San José, mais quand
ses copines lui proposent de les accompagner, elle suit. Peu importe
la destination, son intérêt touristique et culturel, ce qui
l'intéresse c'est d'être avec ses amies.
Lors
d'une récente croisière au Brésil, lorsque le navire faisait
escale dans un port, elle ne descendait même pas sur terre. Elle
préférait rester bronzer au bord de la piscine.
Nous
la retrouvons le lendemain matin car Carolina veut se faire changer
le bracelet de sa montre. Une fois l'opération réalisée,
gratuitement bien sûr, et alors qu'une cliente vient de rentrer dans
la boutique avec ses deux grandes filles, Adriana nous demande quels
sont nos projets pour la soirée. Marie lui répond « Vamos a
ir a ver los ensayos del condonbe ».
Sans
faire exprès, elle vient de dire qu'au lieu d'aller voir les
répétitions des percussionnistes afro-uruguayens, nous allions
assister à des essais de préservatifs série B (condón B).
La
réaction d'Adriana ne se fait pas attendre. D'un ton agressif qui
cache mal son envie d'éclater de rire, elle nous dit « Sortez
d'ici immédiatement, quelle honte ! ». C'est pour sauver
la face et la réputation de son commerce. Que vont penser les trois
clientes BCBG venues chercher probablement leurs anneaux de
fiançailles ou de mariage !
Une
fois dans la rue, la conversation continue. Au lieu de faire profil
bas, Jean explique à Adriana avec sa forte voix que sa famille est
originaire de Condom, dans le Gers, et que les touristes prennent en
photo le panneau routier qui indique l'entrée de la ville.
De
là à croire que le lapsus était volontaire ...
1Groupes
de tambours expression de la communauté noire de Montevideo. Ils
sont accompagnés de personnages traditionnels comme le
« gramijero » (médecin herboriste) et la « Mama
Vieja ».
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