"J’étais la seule face à une bande d’hommes qui n’était pas d’humeur à me laisser une place." La guitariste brésilienne Rosinha de Valença est arrivée à devenir une des grandes musiciennes de la bossa nova dans les années 50/60 grâce à un jeu virtuose et un talent d'improvisation fou.
Quand on pense à la bossa nova, il y a les grandes voix féminines mais il y a aussi quelques guitaristes qui se sont démarquées au milieu d'un monde très masculin. La musicienne, compositrice et arrangeuse Rosinha de Valença fait partie de ces figures brésiliennes et pour s'en convaincre, il suffit d'écouter la magie d'un morceau comme Asa Branca, sur lequel elle prend un plaisir dingue à improviser :
Maria Rosa Canelas est connue sous le nom de Rosinha de Valença, Valença n’est autre que le nom de sa ville de naissance, une municipalité de Rio de Janeiro. Une jeune femme qui a tout donné pour la musique et qui s’est fait un nom dans les années 50 et 60.
Une autodidacte virtuose. Elle apprend seule la guitare, en écoutant la radio, elle arrête ses études pour se consacrer uniquement à la composition et à la pratique instrumentale et après plusieurs années un peu compliquées, elle se fait une place dans le monde très masculin de la bossa nova, en jouant notamment avec Baden Powell dont elle reprend certains titres en y apportant sa petite touche personnelle :
Son talent, sa virtuosité, sa capacité d’improvisation font d’elle une guitariste très demandée. Rosinha de Valença enchaîne les tournées dans le monde entier, elle est parfois soliste d’un groupe de bossa, elle enregistre sur les albums d’autres grands musiciens, et puis elle va aussi sortir ses propres disques de reprises mais aussi avec quelques-unes de ses propres compositions comme Tema espanhol.
De la bossa au jazz en passant par des musiques traditionnelles
Elle s’éloigne parfois un peu de la bossa nova et touche à d’autres styles. Ces voyages lors des tournées lui apporte de nombreuses influences, elle reprend autant du jazz que des rythmes afro-brésiliens, des musiques traditionnelles, indigènes ou peut aussi s’inspirer de la samba comme dans le titre O Samba da Minha Terra écrit par Dorival Caymmi et dans lequel on peut aussi entendre sa voix :
Rosinha de Valença s’impose, elle impressionne, elle inspire le respect. Quand on entend ses enregistrements on comprend pourquoi. Elle maîtrise sa guitare “comme les hommes”, en tout cas ce sont les réflexions qu’elle se prend à l’époque. On l’appelle parfois la “Baden Powell en jupe”.
J’ai failli casser les cordes de ma guitare pour que les gens comprennent que je savais jouer.
Elle témoigne qu’elle devait jouer plus fort pour se faire entendre : “J’étais la seule face à une bande d’hommes qui n’était pas d’humeur à me laisser une place. J’ai failli casser les cordes de ma guitare pour que les gens comprennent que je savais jouer. Combien de fois ai-je fait des accords très forts pour réveiller les gens, pour qu’ils se taisent et fassent un peu attention à moi.”
Sa voix et son jeu ont été brutalement arrêtés par un arrêt cardiaque qui la paralyse et la laisse dans un état proche du coma pendant 12 ans. Autant d’années où les artistes lui rendent hommage en rejouant ses titres dans des albums qui lui sont dédiés. Puis le monde de la bossa va définitivement perdre une des ses plus précieuses musiciennes le 10 juin 2004. Rosinha de Valença meurt dans sa ville natale, elle avait 62 ans.
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