VENDREDI 12 OCTOBRE
1492 : des habitants de l'île de Guanahaní
au secours d'immigrants clandestins européens en détresse
Agence Fausse Presse
Trois
embarcations à la dérive, voiles déchirées, équipage affamé,
ont été découvertes à l'heure de la sieste par des indigènes
Taínos alors qu'elles s'approchaient dangereusement du récif de
corail. Descendant rapidement de leur hamac, les autochtones firent
signe aux immigrants de jeter l'ancre et de venir en barque jusqu'à
la plage.
Le
passeur qui a organisé cette expédition devant se rendre en Inde
est un génois sans gêne du nom de Cristoforo Colombo. Après avoir
proposé sans succès ses services à la Couronne du Portugal, il a
réussi à séduire les Rois Catholiques espagnols en leur promettant
de ramener de l'Inde de la soie, des épices et beaucoup d'or. Il
faut dire aussi que, suite à l'expulsion de la péninsule des juifs
et des maures, la crise économique se fait sentir. En Estrémadure
et en Andalousie, le chômage atteint des proportions alarmantes, en
particulier chez les soldats démobilisés. Et permettre à cette
population d'émigrer rapidement vers l'Inde par une nouvelle route
permettrait de réduire un peu la misère en Espagne.
En
arrivant sur la plage, avant même de serrer la main du cacique
Caonabo, le dénommé Cristoforo Colombo a planté dans le sable une
bannière représentant une croix. Peut-être pour faire croire au
monde chrétien que sa motivation était avant tout religieuse. Mais
aussi qu'il venait de découvrir un nouveau territoire : les
Indes Occidentales. D'ailleurs, les premiers mots qu'il prononça en
direction du chef indigène furent « Tú, indio ».
Ce dernier n'eut aucune réaction et CC en conclut que c'était un
inculte qui ne comprenait pas un mot d'espagnol, n'avait jamais lu
une carte et ne savait même pas où il habitait.
Sur
ce fait, Anacaona, la femme du cacique Caonabo, se présenta. Et,
sentant l'odeur nauséabonde des nouveaux arrivants, elle les invita
à la suivre vers une cascade pour qu'ils puissent se doucher. Puis
elle leur montra que sous le climat tropical on avait pas besoin de
se couvrir. Ils pouvaient rester torse nu comme elle. Mais,
conditionnés par leur religion primitive qui leur faisait croire que
montrer son corps est un péché, ces immigrants se remirent leurs
vêtements qui puaient le poisson pourri. Anacaona comprit alors
qu'elle avait devant elle des sauvages.
Puis
vint le moment des échanges de cadeaux.Les visiteurs offrirent
quelques colliers en perles de verre et des petits miroirs. « Des
souvenirs bas de gamme pour touristes » murmura un des
indigènes. Les locaux, eux, apportèrent des plateaux de fruits
tropicaux et des perroquets, car le cadeau le plus précieux qu'ils
pouvaient faire, c'était des plumes multicolores. Elles permettaient
en effet de fabriquer les coiffes qui symbolisaient le pouvoir.
Affamés
et assoiffés, les espagnols se sont jetés sur les fruits tropicaux
puis, avec leur sabre, ils ont tranché le cou des perroquets, les
ont déplumés et les ont fait cuire à la broche. En voyant le
spectacle des plumes jetées sur le sable, Caonabo comprit que ces
immigrants ne pourraient pas s'adapter aux coutumes locales et qu'il
valait mieux les renvoyer chez eux.
Après
ce repas frugal, le génois, accompagné de quelques soldats,
entreprit une visite de l'île à la recherche d'or. Il examina le
sable de la rivière et en conclut que le métal précieux ne devait
pas y être abondant, même si certaines femmes indigènes avaient au
nez une perle en or, achetée sûrement à des commerçants venus du
continent.
Les
visiteurs européens décidèrent donc de repartir, déçus d'avoir
fait un si long voyage pour si peu de richesses. Mais avant de
reprendre la mer, Cristóbal Colón (c'est ainsi que l'appelaient les
espagnols) demanda aux Taínos si l'un d'entre eux voulait les
accompagner et découvrir l'Espagne.
Un jeune indigène,
déprimé parce que sa fiancée l'avait abandonné, pensait qu'il
n'avait plus rien à faire sur cette île. Il décida donc de tenter
l'aventure. C'est ainsi que, quelques mois plus tard, il fut présenté
à Barcelone aux Rois Catholiques comme « indien » de
l'Ouest, justifiant ainsi le voyage des trois caravelles.
Et ce sont ces
faits divers peu glorieux que, depuis des siècles, on ose nous
présenter en Europe comme « la découverte de l'Amérique par
Christophe Colomb ». De qui se moque-t-on ?
C'est une preuve
que les « fake news » ne datent pas d'hier. Les
informations que nous donnent aujourd'hui la plupart des médias
européens et états-uniens sur l'Amérique latine sont teintées de
néo-colonialisme, ou franchement manipulées, quand elles traitent
de gouvernements qui ont entrepris une révolution pour donner à
leur pays un peu plus de justice sociale.
Texte :
Paco Lassabe
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