TAXI SEGURO
Mexico,
juillet 2016
Mario
est chauffeur de taxi. Son NISSAN TSURU est garé au sitio situé
derrière l'église San Juan Bautista de Coyoacán. Ils sont 45 taxis
sur ce site, 30 de jour et 15 de nuit. Depuis que de nombreux
clients, en particulier des touristes, se sont faits conduire à leur
insu dans des banlieues perdues avant d'être dévalisés par des
conducteurs de taxis volés ou leurs complices, il est recommandé de
ne pas arrêter un taxi dans la rue. Il vaut mieux aller au sitio
le plus proche pour prendre un taxi « sûr » et connaître
à l'avance le prix de la course.
Mario
conduit de 5 heures du matin à 5 ou 6 heures de l'après-midi. C'est
le minimum, dit-il, pour ramener un peu d'argent à la maison. Il
faut dire que les tarifs des taxis mexicains n'ont rien de comparable
avec les nôtres. Une course de 45 mn pour aller à l'aéroport ne
coûte que 160 pesos, soit 8 euros.
Mario
préfère conduire le jour, malgré les embouteillages, car la nuit
tout peut arriver. Des clients ivres refusaient parfois de lui payer
la course, ou disaient qu'ils n'avaient pas d'argent. L'un d'eux lui
a même volé un soir son GPS. Depuis, en cas de doute sur la route à
suivre, il se sert de son portable.
Sur
les grandes voies dites rapides de Mexico, les ejes viales,
c'est un peu la loi de la jungle. La priorité est au plus gros, et
les véhicules changent de file ou doublent à droite sans mettre le
clignotant. Pourtant les accrochages sont peu nombreux, peut-être
parce qu'il y a une image de la vierge de Guadalupe dans la plupart
des voitures. En réalité, les conducteurs mexicains sont assez
calmes, ils klaxonnent peu, et quand ils le font, c'est pour faire
entendre une jolie mélodie qui signifie « Chinga tu
madre, buey ».1
Ce n'est que quand il fait très chaud qu'ils s'énervent un peu.
Sûrement parce qu'ils sont pressés d'aller boire une bonne bière.
D'après
Mario, on circule de plus en plus mal à Mexico, malgré le fait que
certaines voies sont maintenant à deux étages. Il nous montre des
travaux qui n'en finissent pas à un échangeur qui s'est affaissé,
car la ville est construite sur une ancienne lagune et le terrain y
est très meuble.
Le
plan « No circula »
qui se déclenche quand le taux de pollution devient dangereux oblige
les voitures à rester au garage deux jours par semaine, en fonction
du dernier chiffre de leur plaque d'immatriculation. Mais les riches
ont plusieurs voitures pour pouvoir circuler tous les jours.
Mario
se plaint aussi du prix de l'essence qui n'arrête pas d'augmenter.
Quand on lui apprend qu'en France le litre de super coûte exactement
le double, il a du mal à le croire :
« Comment
les gens font-ils alors ? »
La
concurrence des véhicules UBER ? Elle ne l'inquiète pas trop.
Car
les patrons obligent les chauffeurs à faire 12 « services »
par jour s'ils veulent être payés 2500 pesos (125 euros) par
semaine. S'ils en font moins, ils ne reçoivent que 1500 pesos (75
euros). Donc, peu à peu, ils vont disparaître.
Finalement,
il a l'air heureux de son sort, Mario. Il circule en voiture alors
que d'autres le font à pied, en bus et en métro. Il est bien
habillé, il discute avec ses clients, il se sent utile, et même si
ses revenus sont faibles, il gagne assez pour nourrir sa famille. Que
demander de plus ?!