Bien
boire et manger à Salvador da Bahia (Brésil)
Évitons
d'abord quelques malentendus:
- Si
sur votre route, vous trouvez des "borracharias",
détrompez-vous! Ce ne sont pas des lieux où l'on accueille les
"borrachos" (ivrognes en espagnol) mais des petits ateliers
où l'on répare les pneus ("borracha" signifiant
gomme ou caoutchouc en portugais).
-
Par ailleurs, si un glacier a inscrit "picolé" sur sa
vitrine, cela ne veut pas dire que ses glaces sont alcoolisées mais
qu'il vend des glaces à l'eau.
Si
vraiment vous voulez "picoler", rien de tel qu'une bonne
bière locale (les vins brésiliens sont rares) ou une "caipirinha":
cocktail à base de cachaça (rhum brésilien), citron vert, glaçons
pilés et cassonade. Le citron vert peut être remplacé par d'autres
fruits: fraise, orange, fruit de la passion ...
Aujourd'hui,
les jeunes préfèrent souvent la "caipiroska", la cachaça
étant remplacée par de la vodka de qualité médiocre. Effet
dévastateur assuré!
En
réalité, pour lutter contre la soif et survivre à la chaleur
tropicale, le mieux et le moins cher c'est une "agua de coco".
Pour 25 centimes d'euro, on vous décalotte d'un coup de machette une
noix de coco, on vous y plante une paille et vous dégustez une eau
fraîche, abondante, savoureuse et naturelle!
Pour
manger authentique et pas cher, le meilleur endroit c'est la rue ou
la plage :
Une
des spécialités de Salvador da Bahia, c'est l' « acarajé ».
Ce beignet de farine de haricot frit à l'huile de palme, fourré ou
pas de crevettes, et que l'on peut assaisonner avec une sauce au
piment, est savoureux et bourratif. Avec deux, vous avez fait un
repas. Si vous ajoutez un petit gâteau à la noix de coco ( « pastel
de côco »), vous êtes plus que rassasié. Le tout pour moins
de trois euros.
Sur
les plages, vous trouverez les vendeurs de « queijinho ».
Ils ont un petit grill rond, en métal ajouré, rempli de braises,
pour faire légèrement griller leurs brochettes de fromage blanc.
C'est amusant, nourrissant, mais pas vraiment gastronomique quand on
est amateur de fromage. La brochette coûte un real (0,25€). Pas de
quoi s'en priver !
Restaurants
populaires :
Une
des spécialités brésiliennes, c'est le restaurant au
poids (« restaurante ao peso »). Vous prenez une
assiette, vous allez au buffet la remplir, puis vous passez à la
caisse pour la faire peser. Sur un panneau, on vous indique le poids
de l'assiette vide ainsi que le prix de la nourriture au kilo.
Certains restaurants vous proposent même de deviner le poids de
votre assiette avant de la peser, et si vous trouvez le poids exact,
le repas vous est offert ! Dans ce genre de lieu, vous mangez
pour moins de 5€, boisson comprise. Il faut dire que le salaire
minimum au Brésil est d'environ 300€.
Dégustation
de crabes :
Là,
on change de catégorie. Le local est moderne, des écrans vous font
profiter des derniers vidéoclips ou d'un match de football, parfois
des chanteurs médiocres poussent la sono pour masquer leur
faiblesses techniques, et les garçons s'empressent de prendre votre
commande de boissons et de crabes (« caranguejos »). Pour
pouvoir attaquer ces crustacés, on vous apporte une petite planche
en plastique blanc et un maillet de la même couleur. A vrai dire,
ces crabes sont plus petits que nos tourteaux et on dépense plus de
calories en essayant de récupérer le peu de chair de leurs pinces
qu'en la mangeant. Mais le bouillon est bon et c'est amusant comme
apéritif.
Churrascaria :
Ce
soir, nous sommes dans un restaurant chic de Salvador da Bahia dont
la spécialité est la viande. À notre arrivée sur le parking, un
voiturier prend en charge notre véhicule et va le garer. La salle de
restaurant a une capacité de plusieurs centaines de personne et le
pauvre pianiste a du mal à se faire entendre dans le brouhaha. On
est un mardi soir et pourtant les clients sont nombreux. Notre table
de treize est dans la moyenne car ici, on vient apparemment manger en
groupe d'amis ou en famille au sens large. Dans ce lieu, les clients
ont la peau plus blanche que la moyenne, bien que dans l'État de
Bahia, 80% de la population ait du sang africain. C'est en effet à
Salvador da Bahia que débarquaient du temps des colonies les
esclaves venus de Guinée, d'Angola ou du Royaume de Dahomey.
Aujourd'hui, le seul racisme qui existe au Brésil, c'est le racisme
social. Pour être noir et riche, il faut être un bon footballeur,
un bon chanteur ou avoir eu beaucoup de chance !
Une
fois après avoir pris les commandes de boissons, le maître d'hôtel
nous invite à aller au buffet pour choisir nos entrées et nos
légumes. De retour à table, le défilé des serveurs commence.
Chacun nous présente un plat en métal avec, plantée en son centre,
une broche verticale portant de la viande grillée. Bœuf, agneau,
poulet, porc, saucisses, il y en a pour tous les goûts. Si la viande
présentée nous fait envie, le serveur nous en coupe verticalement
une tranche que nous récupérons avec la pince mise à notre
disposition. Il y a autant de serveurs que de viandes différentes et
dès que l'un d'entre eux voit qu'il y a un peu de place dans notre
assiette, il arrive vers nous.
Vers
22h00, la plupart des tables en sont au dessert et l'ambiance monte.
Dans une ville de trois millions d'habitants, on fête beaucoup
d'anniversaires et visiblement, ce restaurant est le lieu idéal pour
ce genre de célébrations. Le rituel est toujours le même : un
serveur s'approche de la table où se situe la personne honorée en
portant un magnifique gâteau . Les autres suivent en frappant dans
leur mains et en chantant « Parabéns pra você » sur
l'air de « Joyeux anniversaire ». Puis ils entourent la
table et continuent à chanter et frapper dans leurs mains comme
s'ils faisaient partie de la famille. Une fois la bougie soufflée et
la salve d'applaudissements terminée, le service reprend
normalement.
Alors
qu'à notre table chacun savoure en silence son dessert, le cortège
des serveurs se dirige vers l'un d'entre nous avec un gâteau
d'anniversaire. C'est Jef l'heureux élu. Devant tant d'attentions,
il est un peu ému mais surpris à la fois, car nous sommes fin août
et il est né au mois de mai.
Pour
ne blesser personne, il écoute le chant et les battements de main,
puis il souffle la bougie.
Le
maître d'hôtel s'approche alors de lui pour lui serrer la main et
d'un geste maladroit, il renverse le gâteau sur son pantalon.
Heureusement, ce gâteau était en plastique et ce faux anniversaire
n'était qu'une blague sympathique pour mettre un peu d'ambiance.
Combien de vrais anniversaires ont été fêtés dans la soirée ?
Allez savoir !
|
Borracharia |
|
Agua de côco |
|
Queijinho |
|
Acarajés |
|
Restaurante ao peso |
|
Caranguejos |
|
Churrascaria |
Fotos
y texto : Paco Lassabe