Rencontre. La révélation cubaine de l’année* ne nous vient pas de la Havane, mais de Miami. Le tour de force de Timbalive est d’avoir réussi à repousser les frontières traditionnelles de la timba, touchant un public souvent plus habitué à la salsa portoricaine. Pour Léo Garcia, le directeur musical de Timbalive, la timba « est une évolution de la salsa, une fusion de la salsa avec le funk, le jazz, le reggae… ». Rares sont les cubains qui ont réussi à imposer ce genre musical à Miami: « Il n’y a pas que des cubains à Miami, explique M. Garcia, il y a aussi beaucoup d’étrangers, et puis les radio ne sont pas très ouvertes à la musique cubaine… C’est très difficile. Mais nous, on l’a fait. »
Timbalive était en concert dimanche 7 novembre au Gibus de Paris, l’occasion de découvrir « ceux qui l’ont fait ». Le jeune groupe y a fait la démonstration qu’il n’avait pas usurpé son nom , Timbalive est un vrai groupe de live. L’ensemble regroupe dix musiciens dont trois chanteurs Boris Monterecy, Yesi Gonzalez et Carlos Parra aux qualités complémentaires : à Boris l’enthousiasme (son charisme prend naturellement l’ascendant sur le trio), à Yesi l’énergie (elle excelle sur les titres reggaeton), à Carlos la profondeur (notamment sur le titre de Amaury Gutierrez « Enredado en tu pelo »). Cette formation resserrée -on notera l’absence des cordes- n’enlève rien à sa puissance, à l’exemple de la section de cuivres concentrée dans le duo de trombones. A sa tête, on trouve Léo Garcia (timbales) et Bayron Ramos (trombone).
Le titre éponyme de l’album « From Miami a la Habana » rassemble plusieurs stars de la musique cubaine parmi lesquelles Issac Delgado, Mayito Rivera et Pedrito Calvo de Los Van Van, Alexander Abreu, Manolin « El Medico de la salsa »… Compliquée à réaliser à cause du mur -politique- de 90 miles séparant la Havane de Miami, sa réussite tient à l’enthousiasme des participants. Léo Garcia raconte : « Ils n’ont posé aucun problème et ont adhéré tout de suite au projet. Ils l’ont tous fait parce que au cœur de tout ça, il y a la musique cubaine. Peu importe où vous habitez, c’est la musique qui compte, même si êtes physiquement loin ». L’album « From Miami a la Habana » séduit tout autant le danseur que l’amateur de musique. N’y a-il pas une démarche marketing derrière le son Timbalive? « Non, répond Leo Garcia, ce sont bien mes goûts, c’est la musique que j’aime. » Bayon Ramos est le compositeur principal. Boris y a imprimé la marque reggaeton. L’album a été enregistré à la Havane, Ibiza, et à Miami pour un mix final à Miami.
Même si leur titre « Timba pa’ la humanidad » (Timba pour l’humanité) porte une vocation universelle, les fondateurs de Timbalive ne s’imaginaient pas traverser l’Atlantique et rencontrer un tel accueil. Au Gibus, Timbalive était très attendu : A la fin des trois premiers morceaux, le public continuait à chanter les coros, obligeant les chanteurs à reprendre… L’énergie de la timbaton (mélange timba / reggaeton) a tenu la salle en haleine pendant tout le concert, concert qui a connu plusieurs points d’orgues : « Ave Maria que calor », une rumba torride, la très attendue reprise du classique de Los Van Van « Chirrin Chirran » ou encore le rappel « Timba pa’ la humanidad » qui a conclu symboliquement la prestation de Timbalive. A l’instar de Calle Real en Europe, Timbalive avec sa couleur musicale personnelle a de nombreux atouts pour devenir un nouveau relai de la musique cubaine aux Etats-Unis et dans le monde.
Saluons enfin la démarche de Salsa Con Todos qui propose régulièrement des soirées avec de la musique live. Les initiatives qui permettent aux danseurs de découvrir les artistes sont essentielles.
* Récompense décernée par le site de référence de la salsa cubaine : Fiesta Cubana.net
source: Le Monde