lunes, 8 de mayo de 2017

URUGUAY: Violence machiste

                                                        VIOLENCE MACHISTE


Montevideo, Uruguay, 18 février 2017

Rien de tel pour s'imprégner de l'ambiance d'une nouvelle ville dans laquelle on vient de débarquer que de lire la presse locale. Aujourd'hui, « El Observador » ne titre pas sur le carnaval mais sur la violence machiste. Car ce phénomène prend des proportions jusque là inconnues en Uruguay, ce petit pays longtemps considéré comme « la Suisse de l'Amérique du Sud ». Vingt-deux femmes y ont été assassinées en 2016 et cinq déjà depuis le début de l'année.

Il fait une chaleur humide en cette soirée estivale, la fenêtre de notre chambre est ouverte, et tout d'un coup, des chants et des rythmes de tambour attirent notre attention. Nous nous penchons et voyons défiler à l'angle de l'avenue 18 de Julio des centaines de femmes et, parmi elles, quelques hommes. Elles marchent d'un pas décidé, en frappant dans les mains et en chantant des slogans sans équivoque : « Mujer, escucha, únete a la lucha » ou « No, no más, no, no matar más ».

Samedi 4 mars 2017

Comme tous les soirs d'été, les retraités dansent le tango sur la place Fabini. Sur le trottoir d'en face, les spectateurs discutent et prennent le frais avant d'entrer dans la salle Zitarrosa pour assister à un concert de « murgas »1. Un taxi vient de s'arrêter sur l'avenue. La portière s'ouvre et alors que la passagère, une femme d'une cinquantaine d'années, s'apprête à sortir, un « latin lover » trentenaire, jean, chemise blanche et lunettes de soleil relevées sur la chevelure, se précipite sur elle et lui assène de violents coups de poing au visage. La femme hurle, la tête en sang. Carolina pousse un cri d'horreur, un homme se retourne et voyant la scène, il s'exclame « cobarde2 » et fond sur l'agresseur suivi de trois autres. Le violent abandonne sa proie et se redresse menaçant, de l'air de dire « De quoi vous vous mêlez ? Approchez si vous êtes des hommes ! » Mais il est rapidement entouré, projeté au sol, et il reçoit une pluie de coups de pied sur tout le corps.

Deux minutes plus tard, le taxi est reparti avec sa passagère ensanglantée, l'agresseur a fui, sûrement en se traînant vu la correction qu'il vient de recevoir, la police n'a pas été appelée et donc n'est pas venue, et le tango a repris ses droits. Seules quelques tâches de sang sur le sol témoignent du déchaînement de violence.

Un quart d'heure plus tard, pendant le concert, un des chanteurs parlera de ce qui s'est passé devant la salle et sa murga interprétera une chanson d'actualité sur le thème de la violence machiste. C'est un samedi soir d'été, à Montevideo.

                                                                                           François Lassabe


1Formations musico-théâtrales de chanteurs déguisés qui parodient l'actualité pendant le carnaval

2lâche

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